Le Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean est édifié sur l’enveloppe de l’ancien Fort Thüngen sur le plateau du Kirchberg. Son édification a débuté en janvier 1999 et il a été inauguré le 1er juillet 2006, donc avant et après la date de la publication de la loi et réglementation sur l'accessibilité de 2001. L'ADAPTH s'est rendue dans ce prestigieux musée pour en évaluer son accessibilité. Maud et Mike, ergothérapeutes de l'ADAPTH vous invitent à une visite.
Le Mudam est-il "Designed for all" ?
Tables des matières
Arrivée au Mudam
Accès par le bus
L'arrêt le plus proche est le "Philharmonie / Mudam". Il est desservi par la ligne 1, 8 et 16. La distance à parcourir à pied jusqu’au Mudam est longue de quelque 300 mètres.
La direction à suivre pour aller vers le Mudam manque dès la sortie du bus. Il faut descendre sur la droite pour trouver des indications dans l'abribus et plus bas encore sur des panneaux. Ensuite il faut remonter et contourner les escaliers par la gauche pour rejoindre la place de l’Europe. Le plan installé dans l'abribus n'est pas très visible et pas accessible si l'abri est bondé. Tout cela n'est pas bien renseigné.
Aucune ligne de guidage tactile n’est installée à l'arrêt de bus. Les personnes malvoyantes rencontreront des difficultés pour se rendre seules vers le Mudam.
Depuis l'arrêt de bus, il faut traverser toute l'esplanade qui se trouve entre le bâtiment de la Philharmonie et le bâtiment du Centre Européen. Ici, le sol est plat et le revêtement est lisse et sans obstacle pour les personnes utilisant un fauteuil roulant. Arrivés au bout de l'esplanade, on peut poursuivre soit par un chemin en pente, soit par un ascenseur pour rejoindre le niveau inférieur pour se rapprocher de l’entrée du MUDAM. Les deux chemins ne sont pas fléchés.
La pente du chemin qui longe l'hôtel Mélia représente une inclinaison de +/- 11%. Le fauteuil roulant glisse sur les grands pavés lisses et certains sont dans un mauvais état. Les fentes sont plus larges que 2 cm. Les petites roues du fauteuil roulant se bloquent facilement ce qui représente un risque de chute. Par pluie, ce revêtement est glissant.
Les dimensions de l'ascenseur sont conformes. Les boutons de commande sont équipés de braille, mais il n’y a pas d’annonce vocale disponible. Toutefois, il est difficile, voire impossible à une personne déficiente visuelle de trouver l'ascenseur, il n'y a pas de repères visuels ou tactiles pour s'y rendre.
Il est possible de se garer au parking souterrain de la Place de l'Europe. A noter que la réceptionniste de l’accueil au MUDAM nous a informés qu’il est possible de déposer une personne à mobilité réduite directement près de l’entrée et puis de venir se garer au parking.
À l'entrée du parking, à l’approche de la barrière, nous constatons plusieurs obstacles. Le premier est la distance élevée entre la voiture et la borne pour accéder au ticket. Aucun aménagement particulier n’a été pensé pour ceux qui ont des difficultés à étendre le bras pour accéder au bouton pour demander un ticket.
Les places de parking pour handicapés ne sont pas renseignées en hauteur par une signalétique alors que les stationnements vélos et motos le sont. Il est difficile de s’y retrouver.
La sortie du parking par le chemin piétonnier peut poser un problème pour les utilisateurs d'un fauteuil roulant à cause du seuil irrégulier qui se trouve juste à la sortie du bâtiment. Avec notre fauteuil roulant peu maniable nous avons du mal à sortir à cause de la baguette en métal disposée à l’entrée (épaisseur de 3 cm).
Nous avons rencontré quelques personnes lors de notre analyse et l’une d’entre elles nous dit "vous devez faire quelque chose". En effet, une personne intéressée par l’art et circulant habituellement seule rencontre déjà quelques difficultés avant même d’entrer dans le musée.
À l’extérieur du parking, en rejoignant le Mudam, il est nécessaire de traverser une route. La bordure du trottoir de 3 cm nécessite quelques manoeuvres pour passer ce seuil.
À partir du trottoir, il faut remonter un autre chemin en pente avant de rejoindre l’entrée principale du Mudam. Ce chemin présente une pente de 4% franchissable en fauteuil roulant, les dalles sont ici en meilleur état.
Accès au Mudam
Entrée principale
L’entrée se fait par des grandes portes vitrées. Aucune bande de contraste n’est placée sur ces parois vitrées comme cela est indiqué dans le règlement sur l'accessibilité ce qui peut mettre les personnes malvoyantes en difficulté. S'agissant d'un sas, une autre porte vitrée doit être manipulée avant de rejoindre le hall d’accueil. La force d'ouverture des portes n'est pas excessive, mais bien entendu cela dépend des capacités de chaque personne. Cela peut être plus compliqué si l'on se déplace en fauteuil roulant. Voyant que nous avions un peu de mal avec les portes dans notre fauteuil roulant, le personnel de l'accueil est directement venu dans notre direction pour nous aider.
L’accueil
L’accueil n’est pas particulièrement adapté mais l’appareil pour le paiement, l’échange avec le personnel et l’accès aux différentes brochures sont tout à fait accessibles. Les prix renseignés ne sont pas évidents à lire car ils sont éloignés et les caractères sont petits et fins.
Vestiaire
Nous laissons nos effets personnels dans les casiers prévus à cet effet mais pour cela il faut traverser entièrement la boutique. La distance n’est pas trop importante. Les casiers et la tringle avec les cintres sont accessibles. Ils ne sont pas contrastés avec le revêtement mural et le sol mais ils sont à bonne hauteur et utilisables par tous.
Sanitaires
Les toilettes pour personnes à mobilité réduite sont sombres, certains équipements ne contrastent pas avec les revêtements muraux et de sol. Les équipements sont adaptés. Le miroir est un modèle inclinable, mais il n’est cependant pas réglable à partir de la position assise. Il n’y a pas de manette pour le régler. Cela ne pose toutefois pas de problème, dans tous les cas, il est possible de s'y voir en position assise ou debout.
L'aire de transfert de la toilette est réduite et l’accès à certains accessoires est difficile en position assise. Ce sont les seules toilettes pour personnes à mobilité réduite du bâtiment. La réceptionniste nous indique que les toilettes du personnel au premier étage, qui sont entièrement accessibles, peuvent être utilisées sur demande, mais nous ne les avons pas vérifiées.
Visite
Les marches du grand escalier ne sont pas contrastées. Le nez de la première et de la dernière marche ne l'est pas non plus, ce qui n'est pas conforme à la règlementation sur l'accessibilité. Lorsque nous accédons au palier du fond il est très difficile de cerner les trois marches restantes. Ces trois marches ne sont pas pourvues d'une main courante, ce qui n'est pas conforme.
Les inscriptions concernant les oeuvres sont trop petites et donc peu lisibles. Les oeuvres en elles-mêmes sont bien éclairées.
La signalétique n’est pas contrastée et peut ne pas être reconnue par tous. C'est par exemple le cas pour la signalétique des sanitaires, c'est "visible" sur les deux premières photos du paragraphe concernant les sanitaires.
L'auditorium est composé d'une estrade avec une projection et de sièges pour les visiteurs. Aucun espace n'est destiné à une personne en fauteuil roulant qui doit s'installer dans le passage, devant tout le monde. Le plan incliné pour rejoindre la scène est infranchissable en fauteuil roulant, la pente est trop raide et il n'y a pas de main courante.
Dans beaucoup d'autres bâtiments, les portes coupe-feu sont difficiles à ouvrir puisqu'elles sont lourdes et munies d'un ferme-porte. Ici, les portes coupe-feu coulissent dans les murs et cela est un grand point positif, elles restent toujours ouvertes et ne présentent donc aucun obstacle.
Ascenseur
L'ascenseur se trouve juste à côté du hall principal, de l’accueil et des toilettes. Il est très spacieux. Il n’est pas équipé d’annonce vocale, ni de boutons en relief ou en braille.
Il permet de rejoindre le premier étage et le sous-sol mais ne permet pas d'accéder à la salle "Médialab" comme cela est renseigné sur le site internet du MUDAM. Cette salle est équipée d'écrans diffusant les interviews de certains artistes.
Boutique
Toutes les vitrines ne sont pas accessibles et un des couloirs est sans issue à cause d'un équipement installé dans le chemin. Il n'est pas possible de faire un demi-tour en fauteuil roulant. Il faut donc ressortir en marche arrière.
Cafétéria
La cafétaria si situe au beau milieu du musée. Il est possible de s'y arrêter pendant ou après la visite. La cafétariat est accessible. Il y fait très lumineux en journée, voire même éblouissant quand on a circulé dans les salles où sont exposées les œuvres avant. L'accès est de plain-pied avec le musée, l'espace est aéré et permet de circuler avec un fauteuil roulant. Il est tout à fait possible de s'installer à table avec le fauteuil roulant, ensuite tout le service se passe à table.
Solutions pour améliorer l'accessibilité
Certaines solutions peuvent être facilement mises en place et d’autres nécessitent un aménagement plus conséquent et plus coûteux. Toutefois, le MUDAM n'est responsable que de son bâtiment et pas des chemins pour y arriver. Cela est du ressort de la Ville de Luxembourg.
Accès
- La ville de Luxembourg devrait installer un système de lignes de guidage à l'arrêt de bus comme elle le fait graduellement pour tous les autres arrêts en veille;
- A partir de l’arrêt de bus il faudrait flécher plus clairement le trajet à emprunter pour contourner les escaliers et ne pas réaliser des allées et venues inutiles pour accéder à la place de l'Europe;
- A la place de l’Europe il faut renseigner l’accès à l’ascenseur ou la possibilité d’emprunter le chemin incliné pour se rendre au MUDAM;
- Si le chemin incliné longeant le Mélia est franchissable, il est nécessaire de l’entretenir et de l’équiper d’au moins une main courante;
- Le parking nécessite quant à lui également quelques améliorations comme des panneaux en hauteur pour signaler les places PMR ainsi qu’un accès de plain-pied via le chemin piétonnier;
- L’accès au trottoir, entre le parking et le MUDAM, devrait être compensé par une légère pente plutôt qu’un seuil de 3 cm.
Mudam
- Il est intéressant pour les personnes présentant des déficiences visuelles, d’équiper les portes vitrées à l’entrée de bandes contrastantes;
- Les nez de marche des escaliers devraient être contrastés, du moins pour la première et dernière marche comme c'est prévu dans le règlement sur l'accessibilité;
- Les informations que l’on trouve dans l’ensemble du musée devraient être plus grandes et mieux contrastées;
- Le miroir de la toilette devrait être remplacé par un simple miroir toute hauteur ne nécessitant aucune manipulation;
- Dans la boutique il serait très confortable de ne pas devoir s’engager dans cette allée sans issue ou alors de libérer le bout de l’allée afin d’y sortir;
- La vitrine devrait être légèrement plus basse pour offrir plus de confort aux PMR circulant en position assise;
- Au sein de l’auditorium, il devrait y avoir des places libres pour les personnes en fauteuil roulant;
- L'ascenseur devrait être équipé d'un système d'alarme pour les personnes présentant une déficience auditive (confirmation visuelle et sonore (pour les personnes présentant une déficience visuelle) de la demande d'appel de secours);
- L'auditorium peut être équipé d'une boucle à induction magnétique si celui-ci est utilisé pour des conférences;
Conclusion
Le MUDAM est accessible et pourrait voir son accessibilité améliorée moyennant quelques aménagements que nous proposons. Le musée peut être visité en toute autonomie par des personnes circulant en fauteuil roulant ou se déplaçant avec un rollator ou une canne. L'exception c'est le Médialab qui n'est joignable que par un escalier. Les personnes déficientes visuelles recontreront des difficultés à se rendre au musée de même qu'à s'orienter dans le musée, ils devront être accompagnés.
L'accès pour arriver au MUDAM nécessite plus d'efforts pour améliorer la signalétique et la sécurité des personnes à mobilité réduite. Cela n'est toutefois pas du ressort direct du MUDAM.
Rédaction: Maud Croix
Photos: Mike Pastecchia
Nous remercions la direction du MUDAM de nous avoir permis de réaliser ce photo-reportage.